Je suis un tueur né, une personne qui ne mérite pas tout l’amour que m’a adressé mon père depuis ma naissance. J’ai tué ma mère. Je lui ai volé sa vie pour pouvoir vivre, pouvoir respirer l’air qu’elle avait elle-même respiré, je lui ai volé des instants de vie pour pouvoir jouir égoïstement de cette vie. Elle venait seulement de fêter ses 27 ans avec mon père à Paris quelques mois auparavant, avant que sa grossesse ne la prive de tout déplacement pour ne pas risquer un accouchement prématuré. Je me dis encore que peut-être aurait-il fallu que ma naissance se fasse précocement, peut-être serait-elle encore de ce monde à nos côtés, à nous aimer. Mélancolique je pense l’être jusqu’à ma mort, j’aurais toujours au fond de moi cette impression de l’avoir tué même si tous les rapports médicaux montrent qu’elle se trouvait lors de l’accouchement bien trop faible, elle ne se soignait pas assez, ses poumons étaient abimées. Les médecins ont réussi à me sauver, même si j’ai dû rester plusieurs semaines en soins intensifs, ceux-ci ayant découverts que j’ai eu la « chance » d’hériter certains des problèmes cardiaques de ma mère, ses gênes m’ayant transmis son asthme. Rien de grave en comparaison à sa maladie, je ne me plaindrais sans doute jamais de ma maladie qui ne m’empêche nullement de vivre, aller chaque mois au pneumologue n’a rien de très contraignant, tout particulièrement s’il s’agit seulement de contrôle. Ma vie est relativement normale je peux dire alors.

Je pourrais sans doute vous parler pendant des heures entières de ma mère, telle elle restera à mes yeux la plus merveilleuse des femmes à mes yeux. Elle n’était pas une simple mère, elle était selon moi la plus talentueuse de ce monde, elle était une musicienne hors-pair, l’une des pianistes les plus connues d’Asie à cette époque. A sa mort, mon père a caché mon existence et a fait croire au monde que j’étais mort en même temps qu’elle, pour protéger me protéger et ne pas être la cible du monde médiatique. Aujourd’hui je pense qu’il a eu sans doute la meilleure réaction qu’il puisse exister, ainsi je peux vivre chaque jour essayant d’oublier mon passé et vivant tout simplement sans jamais ne craindre être reconnu comme un assassin. Si je considère que j’ai pu en être un, bon nombre de personnes auraient pu le penser. Officiellement je suis l’enfant de mon père et ma « mère » est morte d’une maladie, mon père ayant connu cette femme seulement l’histoire d’une nuit, il aurait ainsi récupéré ma garde après plusieurs années d’existence. J’ai donc vécut mes premières années dans un milieu reculé, dans un petit village, auprès de ma tante et ce n’est que vers l’âge de mes 5 à 6 ans que mon père a repris ma garde, et même si je ne vivais plus à Séoul auprès de mon père, il faisait de son mieux pour venir me voir chaque weekend, en fonction de son temps libre en semaine. Il a été véritablement un père et ma tante a été et est sans doute à mes yeux une deuxième mère que j’ai pu avoir. Après ces quelques années de bonheur dans cette ville, j’ai dû rejoindre la ville de Busan avec mon père, un médecin réputé dans le pays qui disposait d’une grande renommée nationale. Mon père ne m’a jamais caché la véritable identité de ma mère, ni les raisons qui l’avaient emmené à cacher mon existence et je ne leur remercierais jamais assez de m’avoir permis de vivre une vie paisible. Il m’a relevé l’existence de ma mère, et de sa passion qu’était le piano, c’est sans aucun doute cette découverte qui m’a passionné, qui m’a inspiré à vouloir devenir comme ma mère un célèbre pianiste, telle l’avait-elle rêvé de l’être Je veux encore à ce jour poursuivre son rêve, et faire en sorte qu’elle soit fière de moi et me regarde avec fierté de là où s’elle se trouve.

L’amour pour un enfant est sans aucun doute éternel mais l’amour d’une femme ne l’est pas. Je l’ai appris alors que je n’avais que 8 ans. Après des années merveilleuses au côté de mon père, j’ai vu peu à peu des femmes venir et partir de notre maison, dieu seul sait combien d’amantes j’ai eu à voir et rencontrer en seulement quelques mois. Peut-être était-ce de la tristesse ? Peut-être ne voulait-il pas penser à ma mère après tant d’années ? Je ne le sais pas et sans doute que je ne le serais jamais, mon père ayant aujourd’hui une nouvelle femme officiellement, il s’est remarié alors que j’avais 11 ans auprès d’une femme qui cherchait plus l’aimer grâce à sa prestance, son prestige et le fait qu’il soit connu. Suite à ce mariage, j’ai eu la chance d’avoir une demi-sœur, qui au premier abord ne semblait pas vouloir se lier à moi et mon père, elle n’avait que 9 ans après tout et l’adaptation avait du être bien difficile. Seulement les années sont passées depuis et je peux dire que nous nous sommes rapprochées jusqu’à nous considérer comme des frères et sœurs. Sa mère ne correspond pas à la femme idéale, ni à la mère idéale tant elle reste froide avec celle-ci. Alors je fais de mon mieux depuis notre rapprochement de la consoler, d’être toujours là, de la couvrir d’attention comme le ferait un grand frère. Ma belle-mère restera toujours la compagne de mon père, rien de plus… considérant encore aujourd’hui ma tante comme une véritable mère. Ma belle-mère est si superficielle…

Ce fut donc en grandissant dans ce milieu que j’ai pu développer au grand plaisir de mon père une passion certaine pour le piano, comme l’était ma mère je souhaite devenir un musicien. Seulement en étant rationnel, ne serait-ce qu’un peu j’ai souhaité poursuivre des études de droit en même temps que je suis mes études en musique. J’étudie en double cursus, ma famille se trouvant riche, il ne s’est jamais posé aucun problème d’argent suite à ma décision qui ne peut que plaire à mon père. Etre rationnel, il faut l’être toute sa vie.

Ce n’est qu’à mon entrée au lycée que je suis parti vivre à Séoul pour y poursuivre mes rêves, mes parents ayant voulu déménagé dans cette ville. C’est dans cette ville que j’ai fait la rencontre la plus merveilleuse de ma vie et que j’ai enfin pu me connaitre véritablement. Je suis seulement attiré par les hommes, et tout particulièrement un homme qui m’est malheureusement d’aimer. Ressentir des sentiments si forts pour son meilleur ami est sans aucun doute interdit par la morale, surtout lorsqu’il s’agit de la personne à laquelle vous avez le plus confiance dans ce bas monde. Yano restera toujours la personne qui m’a permis de connaitre des moments ô merveilleux et je ne voudrais nullement le blesser pour ces pensées et mes sentiments inappropriés. Alors je me tais, essayant d’oublier quelquefois mes sentiments me laissant aller dans les bras d’un autre, mais sans jamais avoir de vraies relations charnelles, j’ai toujours la sensation de trahir mes sentiments à ces moments-là et je m’arrête toujours à ce niveau même si sans doute que mes sentiments sont nullement réciproques. Yano est parfaitement hétérosexuel…. Tout particulièrement lorsque depuis maintenant deux ans j'ai décidé de vivre en colocation avec mon meilleur ami. Admirer son corps chaque jour est si difficile à vivre.